Julien Marion,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--Une épée de Damoclès s'éloigne de la privatisation d'ADP. En mai, l'opération a été suspendue après que le Conseil constitutionnel a validé la proposition de référendum d'initiative partagée (RIP) visant à empêcher l'Etat de vendre tout ou partie de sa participation de 50,6% dans l'exploitant aéroportuaire.



Sauf coup de théâtre, la proposition de RIP butera sur son premier obstacle: le recueil d'environ 4,7 millions de soutiens. Les opposants à la privatisation ont jusqu'à jeudi minuit pour rassembler ces signatures. Lors du dernier décompte publié la semaine dernière, seuls 1,12 million de paraphes avaient été réunis.



Néanmoins, tabler à court terme sur une privatisation d'ADP, et donc sur le retour d'une prime spéculative sur la valeur, représenterait assurément un pari perdant pour les investisseurs. Interrogé par l'agence Agefi-Dow Jones, un porte-parole de Bercy a affirmé que le gouvernement ne prendrait aucune décision avant jeudi minuit. Dans le contexte actuel, "pas un Français ne comprendrait que le ministre de l'Economie et des Finances ne fasse autre chose que de se concentrer sur la réponse à la crise du coronavirus", a de son côté déclaré Bruno Le Maire, lundi sur France Inter, répondant à une question sur la privatisation de l'exploitant aéroportuaire.



Air France annonce 3.600 suppressions de vols



Le coronavirus - auquel le PDG du groupe, Augustin de Romanet a été testé positif, sans crainte pour sa santé - plombe l'activité d'ADP et rend inopportune cette privatisation. Pas un jour ne s'écoule sans qu'une compagnie aérienne n'annonce une réduction de ses capacités. Air France-KLM, qui représente plus de 40% du trafic des aéroports parisiens, a indiqué mardi prévoir l'annulation en mars de 3.600 vols chez Air France. Les analystes de Citi, qui ont dégradé la valeur à "vendre" lundi anticipent une chute du trafic d'ADP de 10% à 30% d'un mois à l'autre entre février et juin. HSBC a pour sa part réduit mardi de cinq points de pourcentage sa prévision de trafic dans les aéroports parisiens, anticipant une baisse de 2,6% pour l'ensemble de 2020.



"Le coronavirus et la chute de l'action [de 28% depuis le 1er janvier, NDLR] réduisent énormément la probabilité de la privatisation, l'Etat ayant tout intérêt à attendre que le cours remonte pour mener cette opération", estime Charles Maynadier, analyste chez Kempen & Co. "Compte tenu de l'épidémie de Covid-19, les chances de réaliser la privatisation cette année semblent s'être évaporées", tranche HSBC. La banque sino-britannique juge invraisemblable que cette opération soit menée en 2021, alors que l'élection présidentielle approchera.



Le camouflet de l'autorité de régulation



En plus du coronavirus, la privatisation d'ADP se heurte à une autre incertitude majeure: la régulation. L'exploitant aéroportuaire doit négocier avec l'Etat le nouveau contrat de régulation économique (CRE) pour la période 2021-2025. Ce contrat fixe à la fois les investissements programmés par ADP et l'augmentation des redevances aéroportuaires que le groupe perçoit. L'équilibre repose sur un taux de rentabilité, défini par le coût moyen pondéré du capital (CMPC) sur le périmètre régulé du groupe, soit les activités des aéroports parisiens hors boutiques, services et immobilier.



"Il est difficile de privatiser ADP sans disposer de visibilité sur le coût moyen pondéré du capital, qui est un élément clef sur lequel les investissements et les tarifs des cinq prochaines années sont basés", remarque Charles Maynadier, de Kempen & Co. Or, à la fin février, l'Autorité de régulation des transports (ART) a infligé un camouflet à ADP dans un avis sur le CMPC. L'autorité a retenu un taux compris dans une fourchette de 2% et 4,1%, bien inférieure à l'hypothèse du groupe portant sur 5,6%. Le groupe ADP avait rétorqué qu'il ne partageait pas "la méthode, ni les hypothèses, ni les conclusions retenues par l'ART dans son appréciation".



L'avis de l'ART demeure consultatif et il reviendra à l'Etat et à l'exploitant aéroportuaire de s'accorder sur le taux de rentabilité. Mais une fois que les deux parties auront trouvé un accord, elles devront saisir l'ART pour que l'autorité puisse homologuer le contrat de régulation dans son ensemble.



La visibilité sur le titre ADP est donc assombrie par un nuage d'incertitudes. Les investisseurs ne peuvent compter sur la privatisation pour faire décoller l'action qui, malgré sa récente chute, risque de rester clouée sur le tarmac.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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March 10, 2020 10:05 ET (14:05 GMT)




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