Vinci doit saisir sa chance de monter au capital d'Aéroports de Paris
31 Mai 2013 - 3:13PM
Bourse Web Dow Jones (French)
La réduction de la participation de l'Etat dans Aéroports de
Paris (ADP.FR) annoncée jeudi n'entraînera pas à ce stade de
véritable reconfiguration du secteur aéroportuaire français. Mais
le groupe de BTP Vinci (DG.FR) ne devrait pas manquer d'avancer ses
pions, comme il le fait depuis plusieurs années, dans l'espoir de
voir le processus engagé aboutir un jour à une privatisation en
bonne et due forme.
Le premier groupe français de construction et de concessions, qui a
racheté en début d'année le concessionnaire aéroportuaire portugais
ANA pour 3,1 milliards d'euros, n'a pas encore fait part de ses
intentions quant à la vente de 10% du capital d'ADP par l'Etat et
le Fonds stratégique d'investissement. Mais depuis qu'il a acquis
3,3% du capital de l'exploitant de Roissy CDG et d'Orly en 2008,
Vinci ne fait pas mystère de son souhait de monter au capital en
cas de désengagement de l'Etat, actuellement détenteur de 60,1% des
parts.
Vinci en position de challenger
Déterminé à réaliser des acquisitions dans le secteur et disposant
de ressources financières importantes, Vinci semble avoir toutes
les chances de capter une partie des actions mises en vente dans le
cadre de ce placement privé. Mais la présentation de l'opération
par l'Etat et les indications fournies par les banquiers qui le
conseillent laissent penser que des investisseurs tels que des
fonds de pension et des fonds d'investissement seront
privilégiés.
Selon le courtier Kepler Cheuvreux, les actions ADP devraient par
ailleurs être cédées autour du cours actuel de 70 euros. Et dans la
perspective d'une poursuite du désengagement de l'Etat - qui
nécessiterait de modifier la loi - "les termes annoncés hier
indiquent qu'il ne sera pas facile pour Vinci de mettre la main sur
ADP à un prix intéressant", estime Josep Pujal, analyste chez
Kepler Cheuvreux. Le but du gouvernement est manifestement de
maximiser la valeur de sa participation, plutôt que de chercher à
structurer un nouvel opérateur aéroportuaire, souligne
l'analyste.
Stratégie des petits pas
Pour autant, ces obstacles ont peu de chances de faire dévier Vinci
de sa stratégie, déjà mise en oeuvre avec succès au Portugal dans
l'attente de l'ouverture du capital de plusieurs aéroports
régionaux français. Pas plus d'ailleurs que la perspective de
conflits d'intérêt potentiels, ADP et Vinci se trouvant
régulièrement en compétition lors d'appels d'offres internationaux
comme lors de la cession d'un bloc du capital du turc TAV Airports
en 2012.
Dans l'immédiat, un investissement dans ADP - aux cours actuels -
semble défendable, malgré les faibles perspectives de croissance du
trafic à court terme. Morgan Stanley a relevé vendredi sa
recommandation sur l'exploitant aéroportuaire à "surpondérer" avec
un objectif de cours de 79 euros, en soulignant les fondamentaux
solides du groupe sur le long terme.
Mais en montant au capital d'ADP, Vinci gagnerait surtout une
position susceptible de devenir incontournable le jour où l'Etat
accepterait de privatiser. Sa présence au tour de table, et sa
représentation éventuelle au conseil, viendraient également
s'ajouter au crédit du groupe, dont l'expertise en matière
aéroportuaire se trouverait renforçée.
En tout état de cause, le groupe de BTP semble avoir peu de chances
de capter plus de quelques pourcents d'ADP. Le gain obtenu n'en
serait pas moins réel. Il doit être considéré comme un premier pas
pour un groupe dont les horizons d'investissement et les options
stratégiques se déploient généralement sur plusieurs décennies.
-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +331 40 17 17 72;
thomas.varela@dowjones.com
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