L'industrie aéronautique est une vaste escroquerie destinée à vendre des sandwichs au thon à plus de 15 dollars dans les aéroports, selon le comique américain Jerry Seinfeld. Aéroports de Paris (ADP.FR) semble avoir bien retenu la leçon.



Mais au lieu de se contenter de sandwichs, le concessionnaire des aéroports de Roissy et d'Orly préfère vendre des sacs Hermès, des parfums Dior et des macarons Ladurée aux touristes venus d'Asie et des pays du Golfe.



A première vue, les résultats semestriels publiés la semaine dernière par ADP n'ont rien d'enthousiasmant. Inférieurs aux attentes des analystes, ils ont fait chuter le cours de Bourse du groupe - jusqu'à moins 7% en séance vendredi - les investisseurs s'inquiétant de la hausse des coûts d'exploitation et de l'impact du ralentissement du trafic aérien.



La déception est venue de la branche aéroportuaire proprement dite, dont l'excédent d'exploitation (Ebitda) a chuté de 14% à 143 millions d'euros, dans un contexte de ralentissement des redevances versées par les compagnies aériennes. Mais cette baisse a été entièrement compensée par l'amélioration de la rentabilité du pôle Commerces et services (dont l'Ebitda est ressorti en hausse de 10% à 246 millions d'euros) et des revenus immobiliers.



ADP réussit donc à contrecarrer les effets de la crise du transport aérien grâce à sa stratégie commerciale. Cette dernière repose sur le déploiement d'enseignes de luxe au sein de ses infrastructures, qui lui reversent une partie de leur chiffre d'affaires. Au cours du semestre, la dépense dans les boutiques réservées aux passagers au départ a ainsi augmenté de 11% sur un an, à 16,2 euros par passager. Ce chiffre est en hausse de plus de 63% depuis 2006.



Le groupe n'entend pas en rester là, et il compte bien bénéficier structurellement de ces tendances porteuses. La nouvelle salle d'embarquement ouverte à Roissy en juin, qui vient compléter le terminal 2E, comporte ainsi 6.000 mètres carrés d'espace commercial, dont une "Avenue du luxe" agrémentée de boutiques Bulgari, Burberry, Dior, Gucci, Hermès, Prada, ou encore Ralph Lauren.



L'horizon d'Aéroports de Paris n'est certes pas totalement dégagé. Notamment sur le front des acquisitions: si la construction d'un nouvel aéroport à Istanbul se confirme, la prise de participation de 38% dans le turc TAV Holdings, annoncée en mars dernier, pourrait s'avérer nettement moins rentable que prévu.



Mais alors qu'il s'apprête à lâcher les rênes du groupe en novembre prochain, atteint par la limite d'âge, le PDG Pierre Graff peut avoir la satisfaction d'avoir renforcé le modèle économique d'ADP en réussissant sa diversification.



ADP ne se désintéresse pas de son coeur de métier, il s'en sert simplement pour réaliser l'essentiel de ses bénéfices ailleurs. Si le cinéma est un produit d'appel pour vendre du pop corn, il semblerait que les avions peuvent aussi aider à vendre des sacs Gucci.



-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +331 40 17 17 72; thomas.varela@dowjones.com

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