Les groupes français de transports, de tourisme, de luxe ou
encore les exploitants de centres commerciaux étaient à la peine
lundi en Bourse, les investisseurs redoutant une baisse de la
fréquentation et des ventes après les attentats survenus vendredi
soir à Paris et à Saint-Denis.
L'état d'urgence décrété par le président François Hollande après
les attentats, qui ont fait 129 morts et des centaines de blessés,
a entraîné la fermeture de nombreux magasins et attractions
touristiques au cours du week-end, soulevant des inquiétudes
concernant l'impact à long terme sur l'activité de secteurs comme
le tourisme et le luxe. Les marchés se sont néanmoins montrés
robustes dans l'ensemble. Vers 16h00, l'indice CAC 40 cédait 0,1% à
4.801,38 points.
Pas d'impact pour le moment sur le trafic passagers
Pour l'heure, Air France-KLM (AF.FR), Aéroports de Paris (ADP.FR)
et Eurotunnel (GET.FR) n'ont pas constaté d'impact sur leur
fréquentation lié aux attentats survenus vendredi soir à Paris et à
Saint-Denis, ont-ils indiqué lundi à Dow Jones Newswires.
"Pour ce week-end, le remplissage des avions a été normal", a
indiqué une porte-parole d'Air France-KLM. "Il n'y a pas
d'annulations pour le moment, mais nous n'avons pas encore de
visibilité pour la suite".
"L'exploitation aéroportuaire est normale pour le moment", a
précisé de son côté un porte-parole d'Aéroports de Paris (ADP), qui
gère l'exploitation des aéroports parisiens.
Dans le transport ferroviaire, le gestionnaire du tunnel sous la
Manche, Eurotunnel, assure également enregistrer un trafic normal.
"Nous ne constatons aucune annulation", a indiqué un
porte-parole.
A la Bourse de Paris, les titres des trois groupes évoluaient lundi
en forte baisse, les investisseurs redoutant de potentiels
conséquences économiques après les attentats. Air France-KLM
accusait le plus fort repli du SBF 120, reculant de 6,5% à 6,35
euros. Aéroports de Paris cédait 4,5% à 106,20 euros et Eurotunnel
reculait de 4,2% à 11,81 euros.
"Nous anticipons quelques pertes naturelles de réservations, sur le
trafic [à destination et en provenance de] France aussi bien pour
les passagers voyageant pour les affaires que pour les loisirs, sur
le court terme, Air France-KLM étant le plus affecté", expliquent
lundi les analystes de la société de courtage Goodbody.
British Midland Regional, une petite compagnie aérienne assurant
quelques vols vers Paris, a indiqué avoir enregistré un taux de
défection de 30% sur un vol reliant lundi Bristol à Paris, et que
les réservations avaient diminué de 25% par rapport à la précédente
moyenne sur cinq semaines.
L'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle était calme lundi matin, et
le personnel aéroportuaire a précisé que la fréquentation était
inférieure à la normale.
Les actions d'autres compagnies aériennes, dont International
Consolidated Airlines (IAG.LN) et easyJet (EZJ.LN), pour lesquelles
la France est un important marché, évoluent également dans le rouge
lundi.
La déprime pourrait peser sur les achats de produits de luxe
Même son de cloche du côté du luxe, secteur qui dépend fortement
des achats réalisés par les touristes en visite en Europe. Hermès
International (RMS.FR), LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton (MC.FR) et
Kering (KER.FR), propriétaire de la marque Gucci, reculaient
respectivement de 1,6%, 1,4% et 0,9% vers 15h55.
L'afflux massif de touristes chinois à Paris avait soutenu les
ventes des entreprises européennes du luxe ces derniers mois. Or
les attentats de vendredi remettent en doute la poursuite de cette
tendance.
"Le timing est très défavorable", note Mario Ortelli, analyste chez
Bernstein. "Nous nous approchons maintenant des achats de Noël",
une période clé pour le chiffre annuel des groupes du secteur. Il
est possible que la déprime ambiante pèse sur les achats de
produits de luxe, explique l'analyste. "Il faut être de bonne
humeur pour acheter un sac à main à 2.000 euros".
"Tout facteur empêchant les gens de voyager - essentiellement des
épidémies ou des attentats terroristes - serait très négatif pour
les produits de luxe", ont renchéri les analystes d'Exane BNP
Paribas, un avis qu'ils avaient initialement partagé après les
attentats de janvier à Charlie Hebdo et au supermarché casher.
Les magasins de LMVH, qui avaient été fermés durant le week-end,
ont tous été réouverts lundi et la sécurité renforcée, a indiqué
une porte-parole du groupe. Chez Kering, les boutiques, qui avaient
également fermé leur porte, "ont ouvert normalement aujourd'hui", a
indiqué le groupe. Personne n'était joignable dans l'immédiat chez
Hermès pour apporter un commentaire.
En Italie, Salvatore Ferragamo (SFER.MI), qui tire plus de la
moitié de ses ventes européennes des achats touristiques, a déclaré
la semaine dernière qu'il lui serait difficile mais toutefois
possible d'atteindre le consensus donné par les analystes pour son
chiffre d'affaires annuel, soit 1,4 milliard d'euros, si la période
des achats de Noël se déroulait bien. Le titre abandonnait 3,5% à
21,17 euros.
Trop tôt pour faire un bilan de la fréquentation des centres
commerciaux
De leur côté, les exploitants de centres commerciaux,
Unibail-Rodamco (UL.AE) et Klépierre (LI.FR), estiment qu'il est
trop tôt pour tirer des conséquences des derniers attentats en
termes de fréquentation. "Tous les centres commerciaux sont ouverts
ce lundi, avec un niveau de vigilance accrue", a indiqué une
porte-parole d'Unibail-Rodamco, le premier exploitant de centres
commerciaux en Europe.
Le groupe avait fermé samedi deux de ses centres situés au coeur de
Paris, le Forum des Halles et le Carrousel du Louvre, sur les
recommandations de la police. Unibail-Rodamco exploite aussi le
centre commercial des Quatre Temps, situé dans le quartier
d'affaires de la Défense.
Les moyens de sécurité ont également été renforcés dans les centres
commerciaux gérés par Klépierre, notamment à l'entrée, a indiqué
une porte-parole. "Le groupe est à l'écoute des recommandations
préfectorales et reste attentif à l'évolution de la situation".
Klépierre exploite notamment le centre commercial de la gare de
Saint-Lazare, qui accueille un million de passagers par jour.
A la Bourse de Paris, le titre Klépierre reculait lundi de 1,2% à
40,62 euros et Unibail-Rodamco perdait 0,1% à 240,50 euros.
Inquiétudes pour Accor et le tourisme en France
Le groupe hôtelier AccorHotels (AC.FR) figurait aussi parmi les
valeurs les plus attaquées lundi à la Bourse de Paris. Le titre
reculait de 5% à 39,42 euros.
Dans une note, Kepler Cheuvreux explique que le groupe est le plus
exposé du secteur hôtelier à la France en général et à Paris en
particulier. La France représente 30% du bénéfice d'exploitation
total d'AccorHotels, tandis que Paris et sa région en représentent
près de 20%. Personne n'était joignable chez AccorHotels pour
apporter un commentaire.
Selon les analystes de Citigroup, les attentats terroristes à Paris
devraient certainement peser sur la puissante industrie du tourisme
en France. Les touristes apeurés devraient se tourner vers d'autres
destinations et la confiance des consommateurs français risque de
se détériorer.
D'autres analystes ont néanmoins affirmé qu'ils ne s'attendaient
pas à ce que les attentats de vendredi aient des répercussions
économiques durables. "Les épisodes passés d'attentats n'ont pas
plongé l'économie locale dans une phase de ralentissement marqué,"
souligne Philippe Waechter, directeur de la recherche économique
chez Natixis AM. L'impact budgétaire du renforcement des mesures de
sécurité et de l'intensification de la lutte contre le terrorisme
n'est pour l'heure pas quantifiable.
-Blandine Hénault, Robert Wall et Manuela Mesco, Dow Jones
Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com ed:
ECH
(Emilie Palvadeau, Sam Schechner et Yann Morell y Alcover ont
contribué à cet article)
(END) Dow Jones Newswires
November 16, 2015 10:51 ET (15:51 GMT)
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