Les acquisitions de Plastic Omnium et Faurecia exigent la patience du marché -DJ Plus
25 Oktober 2022 - 2:00PM
Bourse Web Dow Jones (French)
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Intégrer de nouvelles activités en période
de ralentissement économique comporte des risques. C'est ce que le
marché signifie clairement aux équipementiers Faurecia et Plastic
Omnium.
Les deux groupes ont publié des chiffres d'affaires en hausse de
plus de 30% au cours du trimestre écoulé, en données comparables,
mais n'ont pas réussi à lever tous les doutes sur leur capacité à
faire face au ralentissement du marché automobile mondial attendu
au cours des prochains mois.
Les récentes acquisitions des deux équipementiers tricolores
pèseront sur leur rentabilité et leur génération de trésorerie.
En tenant compte des rachats de Varroc Lightning Systems (VLS),
AMLS OSRAM, Actia Power et HBPO, Plastic Omnium a indiqué mardi
qu'il visait une marge opérationnelle comprise entre 4% et 4,5% de
son chiffre d'affaires consolidé et un flux de trésorerie
disponible supérieur à 140 millions d'euros cette année.
Le groupe avait auparavant "guidé" les analystes vers une marge
opérationnelle comprise entre 5% et 6% du chiffre d'affaires
consolidé et un flux de trésorerie disponible supérieur à 260
millions d'euros pour 2022.
Vers 13h10, le titre chute de 6,2% sur un marché parisien en hausse
de 0,3%.
Faurecia et le fardeau de la dette
En rachetant en début d'année 80% de l'allemand Hella pour 5,4
milliards d'euros en actions et en espèces, Faurecia a réalisé
l'une des plus importantes acquisitions de son histoire. Le nouvel
ensemble vise un chiffre d'affaires d'environ 25 milliards d'euros
en 2022, contre 22 milliards en données "pro forma" en 2021, ainsi
qu'une marge opérationnelle comprise entre 4% et 5%, contre 5,5% en
2021. Le flux de trésorerie net devrait être tout juste à
l'équilibre alors que Faurecia seul avait dégagé un free cash flow
de 317 millions d'euros l'année dernière.
"Aussi judicieuse qu'ait été l'acquisition de Hella [...], elle a
propulsé la dette nette de Faurecia à plus de 8,1 milliards d'euros
à la fin du premier semestre 2022", rappellent les analystes de
Stifel. Le désendettement constituera le principal défi du groupe
l'année prochaine, dans un contexte de remontée des taux d'intérêt
qui alourdit déjà la charge de la dette. Faurecia devra mettre les
bouchées doubles pour réaliser les synergies promises lors de
l'acquisition de Hella et retrouver un free cash flow
conséquent.
Des marges sous pression
Ces défis opérationnels s'inscrivent dans un contexte de marché peu
porteur. Si la production automobile mondiale a rebondi de 29% au
troisième trimestre sur un an, cela découle d'une base de
comparaison "très favorable", selon Stifel. La production avait été
fortement impactée au troisième trimestre 2021 par la crise des
semi-conducteurs, qui avait forcé la plupart des constructeurs à
revoir à la baisse le plan de charge de leurs usines.
Un an plus tard, la pénurie de puces est en voie de résorption mais
la route n'est pas pour autant dégagée pour les constructeurs et
leurs équipementiers.
"Nous pensons que le marché automobile passera d'un excédent de
demande à un excédent d'offre avec des effets négatifs importants
sur le pouvoir de fixation des prix et les marges des
constructeurs", indiquait UBS dans une note publiée à la fin
septembre.
Les marges des équipementiers pourraient également se retrouver
sous pression, alors qu'ils font face à une augmentation de leur
facture énergétique et des salaires. "Les marges des équipementiers
ont déjà été inférieures à la moyenne en 2022 [...] et nous ne
voyons pas d'éléments en faveur d'une amélioration en 2023, pour la
plupart d'entre eux", souligne UBS. La remontée des marges serait
notamment freinée, selon le bureau d'analystes, par une concurrence
de plus en plus vive sur les marchés du véhicule électrique, de la
voiture autonome et de la connectivité
La faiblesse des marges des équipementiers s'accompagne de
valorisations boursières au plus bas. Depuis le début de l'année,
Faurecia abandonne 64% tandis que Plastic Omnium et Valeo perdent
chacun 37%. Michelin recule quant à lui de 30%.
Les groupes tricolores ont pourtant mieux résisté que certains de
leurs concurrents à l'enchaînement des crises depuis trois ans --
Covid, semi-conducteurs et guerre en Ukraine. Les acquisitions
transformantes réalisées pendant cette période pourraient s'avérer
payantes, à condition d'être rapidement digérées. Le ralentissement
des moteurs de la demande aux Etats-Unis et en Europe ne leur
facilitera pas la tâche.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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