Les Blue chips françaises ont un train de retard en matière d'acquisitions
10 Januar 2013 - 12:59PM
Bourse Web Dow Jones (French)
Les entreprises françaises vont devoir mettre les bouchées
doubles pour rattraper le temps perdu. En 2012, elles ont levé le
pied en matière de croissance externe, à l'inverse de leurs
homologues allemandes, britanniques et américaines, qui ont repris
les acquisitions après un gel marqué entre 2009 et 2011, souligne
Havas Worldwide Paris dans son étude annuelle sur le partage de la
valeur.
L'acquisition, un moteur de croissance
La pause marquée par les sociétés françaises est tout sauf
symbolique. L'année dernière, la croissance externe des entreprises
du SBF 120 a été inférieure de moitié en valeur à celle réalisée en
2011, d'après ce rapport. Une évolution d'autant plus préoccupante
que la croissance externe constitue traditionnellement les trois
quarts de leur croissance, selon l'agence de communication
financière.
Une politique volontariste de croissance externe semble pourtant
indispensable, ne serait-ce que pour accélérer leur développement
dans des pays à plus forte croissance, à un moment où les
perspectives de la zone euro semblent durablement plombées par le
nécessaire désendettement des Etats européens.
Pour quelques sociétés comme Air Liquide (AI.FR), Eurofins
(ERF.FR), ou Zodiac (ZC.FR), qui réalisent régulièrement des
acquisitions, d'autres comme Seb (SK.FR), Bic (BB.FR), Gemalto
(GTO.FR), Imerys (NK.FR) ou même Havas (HAV.FR), la maison mère
d'Havas Worldwide, sont restées discrètes en matière de croissance
externe sans que leur situation financière le justifie. D'autres se
sont abstenues parce que leurs priorités sont ailleurs, comme
Lafarge (LG.FR) qui réduit sa dette, ou STMicroelectronics
(STM.FR), dont l'attention a été détounée par les difficultés de sa
filiale ST-Ericsson.
De sociétés trop dépendantes des banques
Pour leur part, leurs dirigeants pointent l'absence d'opportunités.
Ils "attendent, depuis un an, la bonne opportunité de croissance
externe en termes de timing et de prix", rapporte Havas Worldwide
après les avoir interrogés. Un obstacle qui n'a pourtant pas
empêché les Allemands et les Anglo-saxons de passer à
l'offensive.
Mais l'attentisme des entreprises françaises est également lié à
leur dépendance aux banques, dont elles n'ont pas su s'émanciper
ces dernières années. Là où les firmes anglo-saxonnes se financent
à 80% sur le marché obligataire, rapporte Havas, les sociétés du
CAC 40 n'y recourent encore qu'à hauteur de 20% de leur dette. Pour
les plus petites entreprises du SBF 120, cette part est même
négligeable.
Résultat, "le resserrement des conditions de crédit bancaire, en
raison notamment de l'instauration de nouvelles règles
prudentielles plus strictes, touche plus durement les sociétés
françaises que les autres", a expliqué Bénédicte Hautefort,
associée chez Havas Worldwide Paris, à Dow Jones Newswires. Et les
sociétés préfèrent se constituer des matelas de liquidités pour
accroître leurs marges de manoeuvre financières. En 2012, elles
devraient avoir mis de côté un cinquième de leur cash flow, selon
les calculs d'Havas.
Un changement de culture nécessaire
Les entreprises françaises, en particulier de taille moyenne ou
intermédiaire, doivent diversifier leurs sources de financement,
même si cela implique un changement de culture, de leur part comme
de celle du marché. "Les entreprises redoutent la lourdeur et
l'anonymat d'une relation avec des détenteurs d'obligations, et les
marchés préfèrent les signatures du CAC 40", observe Havas.
Certaines, comme Eurofins, se montrent plus volontaires et testent
le marché.
Mais ce changement de culture risque de prendre du temps et ne peut
justifier à lui seul une passivité durable des entreprises
françaises en matière d'acquisitions. C'est bien pour accroître
leur souplesse financière qu'elles ont mis en place des solutions
intermédiaires comme la multiplication des lignes de crédit. Les
investisseurs sont en droit d'attendre qu'elles s'en servent pour
réaliser des acquisitions. Faute de quoi les grandes entreprises
françaises cotées risquent de se laisser distancer sur l'échiquier
mondial.
-Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71;
ambroise.ecorcheville@dowjones.com
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