Actualisé: Après les télécoms, Patrick Drahi pose les bases d'un grand groupe média
12 Februar 2015 - 2:42PM
Bourse Web Dow Jones (French)
Déjà à la tête d'un empire dans les télécoms et principal
actionnaire de Libération, l'homme d'affaires Patrick Drahi, patron
d'Altice (SFR, Numericable..), a entrepris de constituer un nouveau
groupe médias comprenant les 20 magazines et sites français du
belge Roularta et la chaîne israélienne i24 News.
Las d'essuyer des pertes récurrentes sur un marché français de la
presse plombé par le recul de la publicité, le géant belge des
médias Roularta a décidé de vendre en bloc des titres rachetés en
2005-2006, qui constituent ensemble le 5e pôle de magazines
français.
Parmi eux L'Express, deuxième news magazine du pays, le mensuel
L'Expansion, L'Etudiant et ses salons, Lire ou encore le people
Point de Vue, ainsi que des sites d'emploi et une quinzaine de
magazines spécialisés dans la décoration ou les loisirs.
Le prix d'acquisition pourrait être de l'ordre de quelques dizaines
de millions d'euros, selon une source proche du dossier. Il
s'ajoutera aux 24 millions déboursés par Patrick Drahi l'an dernier
pour renflouer Libération.
Avec le quotidien et ce nouveau pôle magazine, Patrick Drahi, 4e
fortune de France selon Forbes, crée un nouveau groupe média
baptisé Altice Media Group, fort déjà d'environ 300 millions de
chiffre d'affaires, qu'il compte bien continer à développer dans
l'audiovisuel, le numérique et à l'international.
Il est associé dans cet investissement à son ami Marc Laufer, qui
apporte dans la corbeille ses titres de presse professionnels et
deviendra directeur général d'Altice Media, tandis que Bernard
Mourad, ancien banquier de Morgan Stanley et proche de Drahi, en
sera le président.
Le groupe intègrera aussi la chaîne d'information en continu
israélienne i24 News, basée à Tel Aviv, qui émet en français,
anglais et arabe et que Drahi a lancée en 2013 comme une
alternative à Al-Jazeera.
Dans son entourage, on assure que ces médias très différents
garderont chacun leur identité. "Le développement du groupe repose
sur la volonté de soutenir le pluralisme, la diversité et la
qualité des contenus, en France et à l'international. Chaque titre
restera fidèle à ses valeurs fondatrices et conservera évidemment
son indépendance éditoriale", a souligné un porte-parole.
De nationalité franco-israélienne, Patrick Drahi possède par
ailleurs le groupe israélien de télévision et de téléphonie mobile
Hot.
- Tuyaux et contenus -
Avant lui, un autre grand patron français des télécoms, Xaviel
Niel, fondateur de Free, s'est aussi lancé dans les médias en
devenant coactionnaire du Monde puis du Nouvel Observateur. Tous
deux estiment qu'après la maîtrise des "tuyaux" des télécoms, ils
doivent disposer de contenus.
Initialement, Roularta ne comptait vendre à Patrick Drahi que
L'Express, L'Expansion et quelques titres moins importants, en
conservant les plus rentables, notamment L'Etudiant et les salons
organisés par le magazine, que convoitait Le Figaro.
Finalement, Drahi et Laufer ont convaincu Roularta de leur vendre
l'ensemble (L'Express, L'Expansion, Live, Classica, Lire, Pianiste,
Mieux Vivre Votre Argent et Studio Cine Live, les salons
professionnels Job Rencontres, les sites Distrijob et
lentreprise.fr, L'Etudiant et ses salons, le magazine people Point
de Vue, les magazines de déco Côté Sud, Côté Ouest, Côté Est, Côté
Paris, Maison Française Magazine, le magazine de cuisine Zeste, les
gratuits "A Nous Paris" et ses équivalents à Marseille, Lyon et
Lille...)
Ce pôle emploie aujourd'hui 600 personnes, dont 315 journalistes
(136 à L'Express).
Pour l'homme d'affaires, les montants investis dans les médias sont
sans commune mesure avec ses acquisitions dans les télécoms,
réalisées via des emprunts géants. Il a ainsi racheté Numéricable,
puis l'an dernier SFR pour 13,4 milliards d'euros, Virgin Mobile et
enfin tout récemment Portugal Telecom pour 7,4 mds.
Mais la plupart des titres de presse qu'il vient d'acquérir sont
pour l'instant déficitaires. Roularta a d'ailleurs précisé jeudi
que quand la transaction serait finalisée, il déprécierait "de 140
à 150 millions d'euros" la valeur de son pôle de magazines
français, jusqu'ici valorisé 220 millions. Un reflet du déficit
chronique de cette branche qui avait déjà amputé ses comptes de 40
millions d'euros en 2013.
Quant à Libération, dont les ventes ont chuté l'an dernier, il a
affiché en 2014 une perte d'exploitation de 9 millions d'euros.
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